Silbano Chloé

Chloé Silbano fait transiter des actions au travers de différents médiums : peintures, sculptures et vidéos.
Des objets sont fabriqués pour leurs utilisations particulières.
Mis en scènes, ils participent de la composition des peintures. Les corps sont cadrés. Et quand le corps n’est pas là, c’est une tension qui est mise en jeu : la sculpture sous-entend l’action. Un fux, une coupe, un geste contenu.
Chloé Silbano cherche à développer des mécaniques mentales, qui partent de l’observation de l’environnant, du monde.
Elle en vient à noter, relever des éléments qui nous parlent de l’inscription d’un corps dans l’espace, d’assise, d’ancrage, de contraintes, d’un rapport aux objets, ou de choses plus sensibles, plastiques, mais toujours en faisant une expérience particulière, via l’expérimentation d’une mise en pratique, qui passe par son propre corps ou celui emprunté des modèles.
Chloé Silbano est lauréate du Prix Yishu8 2020 et partira en Chine pour une résidence de 2 mois à la Maison des Arts de Pékin ; s’en suivra une exposition personnelle.
Elle est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et a participé à l’exposition des félicités au 104.
Elle a exposé chez Gr_und (Berlin) dans le cadre d’une exposition collective soutenue par le Fonds Perspektive et le Bureau des Arts Plastiques (Institut Français de Berlin) en 2019.
Elle a exposé à l’Ancien Musée Pierre Cardin, au Centre d’Art Contemporain de Villiers-sur-Marne, au Musée de la Chasse (Paris), à Icart (Paris), la MAL (Laon), au Centre d’Art Contemporain du 9e de Lyon, au Pavillon Vendôme durant le Printemps de l’Art Contemporain (Aix), et a réalisé des performances au Silencio (Paris) et à la Galerie Thaddaeus Ropac à l’invitation de Jeune Création (Pantin).
Elle prépare plusieurs expositions collectives, chez HGallery (Paris), La Box (La Réunion), L’Approche (Bruxelles) et la Fondation Fernet-Branca avec A deux pas du Sacre.
Son atelier était à L’Orfèvrerie en 2019, et aujourd’hui à Poush, Clichy..
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Chloé Silbano
Capturer le vivant ou se brûler avec la peinture
Un texte de Mehdi Brit
Lorsqu’une image frémit dans les bras d’un refrain musical qui fait tourner la tête, ses résonances se manifestent comme des élans d’adrénaline qui enfièvrent la pensée.
Ses lignes se propagent entre les muscles, ses couleurs contaminent les chairs.
L’image arpente chaque surface du corps tel un territoire à conquérir; un bain dans la matière de cet organe à exalter. L’image se trouve ainsi à la source d’un jeu qui n’a pas de lois.
Le geste tremble face au lointain, respiration nerveuse avant le premier pas mais l’image existe, elle est toujours là. Elle a désormais convoqué tous les sens. Elle est devenue ce paysage si singulier qui prend forme aussi bien par la caresse du corps que sur les vibrations du trait.
Elle est performance.
La pratique de Chloé Silbano ne se résume pas tant à créer des objets qu’à tenter d’accomplir un mouvement en observant le monde et en s’attachant aux détails laissés par le temps.
Si l’installation et le dessin ont composé les premières confidences plastiques de l’artiste à sa sortie des beaux-arts de paris, la performance et la peinture participent de son histoire artistique dans un dialogue mutuel traversé d’ellipses narratives et d’une charge affective qui lui permet de communiquer avec le monde.
L’artiste procède par étape sans négliger l’importance du détail dans ses mises en scène. Tenter de dessiner les lignes d’un objet, d’un être qui surgit comme un éclat dans la brume du quotidien, hisse le désir d’arpenter ces visages que l’on ne regarde pas, qui ne sollicitent aucune attention à nos yeux. Il ne s’agit pas tant pour elle de révéler, avec la peinture, la valeur iconique d’un segment de vie que de s’atteler à écouter et observer les ombres et les lumières de ces souffles qui apportent des suspensions à notre digestion journalière.
L’image se concrétise dans les chairs d’une action mise précisément en scène dans l’atelier ou, suivant la rigueur d’un protocole, exécutée dans l’espace public. Un ensemble de documents est produit pour l’occasion - notes, photographies, vidéos - afin d’avoir entre les mains, les armes visuelles nécessaires pour commencer à peindre.
Dans Auto, soi (enfoncer les carcasses), le corps est mis à l’épreuve face à la carcasse d’une voiture dont les vitres sont couvertes de papier cellophane. Le corps entre en contact avec l’objet : apparition d’un fantôme, souvenir d’un accident ou miroir oublié de son identité?
De petits gestes, mécaniques, simples, précis prennent forme sans chercher à explorer la charge narrative de la situation. L’énigme qui encercle l’état de ce personnage ne réside peut-être pas tant dans la réalisation de l’action que dans la naissance d’un portrait au visage trouble. La peinture d’une dimension de trois mètres, témoigne du processus sélectif de l’artiste. Contrairement à la performance dont le dessin s’évapore très rapidement parmi les regards, l’huile sur toile appelle un abandon du corps qui s’opère sur la durée. On découvre l’intérêt porté au détail par la découpe de puits lumineux. La palette de couleurs aux tonalités plus sombres et la subtilité dans le tracé des lignes encouragent, par la densité des ombres, une peinture qui se meut entre l’étrange et l’indicible.
Les Charges pose la question de l’objectivité dans un travail qui s’est construit à partir de la balance. La vidéo montre un caissier, épuisé, endormi sur son pèse-légume tandis que la peinture ouvre une fenêtre sur deux jambes qui portent, en équilibre, une balance désormais retournée. Si l’on connaît le poids exact d’une balance dans sa position inversée, l’image peinte par Chloé Silbano, tente d’appréhender cet objet, signe de justice et d’équilibre, en déplaçant l’enveloppe rationnelle, mesurée, d’un outil qui prend de valeur émotionnelle que par l’approche physique et sensorielle du corps.
Les peintures de Chloé Silbano portent les stigmates d’une histoire, un vécu, une tension capturée avec l’attention, précision. Observatrice ou chroniqueuse de son temps, elle s’attache à la part sensible de ces instants pour leur donner vie par la sensualité des couleurs, attachée à la mémoire des actions écumées au fil du temps. Si le corps voyage entre la performance et la peinture, caressant le mouvement d’une effluve d’images, les œuvres de Silbano escaladent une idée de la présence à tenir entre ses mains avant qu’elle ne s’échappe ailleurs, probablement très loin. La peinture devient ainsi cette fiole qui contient l’ambroisie si précieuse, unique, de ces interstices, à la fois réels et illusoires, desquels une silhouette, un souffle, une secousse, une respiration émanant de l’autre ou d'une partie de soi s’est détaché.
Née en 1986, Chloé Silbano vit à Paris. Elle est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris (2012).
Chloé Silbano est Membre de l'ADAGP.
Chloé Silbano transmits actions through different mediums: paintings, sculptures and videos.
Objects are made for their particular uses.
Staged, they participate in the composition of the paintings. The bodies are framed. And when the body is not there, a tension is brought into play: the sculpture implies action. A fux, a cut, a contained gesture.
Chloé Silbano seeks to develop mental mechanics, which start from the observation of the environment, of the world.
She comes to note, to note elements which speak to us of the inscription of a body in space, of sitting, of anchoring, of constraints, of a relation to objects, or of more sensitive, plastic things. , but always by having a particular experience, through the experimentation of a putting into practice, which passes through his own body or that borrowed from the models.
Chloé Silbano is the winner of the Yishu8 Prize 2020 and will go to China for a 2-month residency at the Maison des Arts in Beijing; A personal exhibition will follow.
She graduated from the Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts in Paris and participated in the exhibition of congratulations at 104.
She exhibited at Gr_und (Berlin) as part of a collective exhibition supported by the Perspektive Fund and the Bureau des Arts Plastiques (French Institute of Berlin) in 2019.
She exhibited at the Old Pierre Cardin Museum, at the Contemporary Art Center of Villiers-sur-Marne, at the Musée de la Chasse (Paris), at Icart (Paris), the MAL (Laon), at the Center d'Art Contemporary of the 9th district of Lyon, at the Pavillon Vendôme during the Printemps de l'Art Contemporain (Aix), and has produced performances at the Silencio (Paris) and at the Galerie Thaddaeus Ropac at the invitation of Jeune Création (Pantin).
She is preparing several group exhibitions, at the HGallery (Paris), La Box (Reunion), L’Approche (Brussels) and the Fernet-Branca Foundation with A deux pas du Sacre.
Her workshop was at L'Orfèvrerie in 2019, and today in Poush, Clichy..