Ryckelynck Morgane

Le travail de Morgane Ryckelynck expérimente les limites du pictural, un pictural dont le motif sans cesse reconduit serait l’humanité de corps indifféremment féminins ou masculins.
Ces figures multiples se manifestent en formes tendues entre monumental et fragilité.
Sur les peintures récentes ces figures s’affirment avec volontarisme sur le blanc de la toile, construites en verticalité, de face ou de dos.
Une sorte de clair-obscur, d’attention à la chair reflétant la lumière et son ombre, vient petit à petit les individualiser. Ces mises à nu, car c’est dans cet état que se tiennent la plupart des figures, intriguent par l’antinomie qui imprègne leur présence à la fois vulnérable et solide.
On a parfois l’impression qu’elles sont au bord du basculement, traversées par l’espace qui les entoure, celui du réel. Leur immobilité est temporaire, elles ne sont pas figées mais mises à l’épreuve d’un monde où elles ne seraient plus des objets de contemplation mais les protagonistes d’une action à venir.
Cette action reste ouverte, qu’elle soit chorégraphique, fictionnelle ou politique.
Cette ouverture se retrouve dans l’aspect parfois inachevé de ses peintures, comme si l’idée de clôture, fusse-t-elle celle de l’achèvement, était dissoute par le flottement de la toile laissée libre.
La mobilité, cette suggestion d’un mouvement interne à l’immobilité de la peinture, me semble être un des moteurs de la démarche de Morgane Ryckelynck.
Le déplacement qu’elle induit entraîne son travail à la frontière de plusieurs territoires, la danse, la performance, l’installation, en une sorte d’expressivité minimale, cette conjugaison de l’irrationnel et du raisonné stimulant une recherche passionnante à suivre aujourd’hui et dans ses futurs développements.
Marc Desgrandchamps
Morgane Ryckelynck's work experiments with the limits of the pictorial, a pictorial whose motif endlessly renews would be the humanity of bodies indifferently female or male.
These multiple figures are manifested in forms stretched between monumental and fragility.
In recent paintings, these figures are affirmed voluntarily on the white of the canvas, constructed vertically, from the front or from the back.
A kind of chiaroscuro, of attention to the flesh reflecting the light and its shadow, gradually individualizes them. These bares, for it is in this state that most of the figures are held, are intriguing by the antinomy that permeates their presence, which is both vulnerable and solid.
We sometimes have the impression that they are on the verge of tipping, crossed by the space that surrounds them, that of reality. Their immobility is temporary, they are not fixed but put to the test of a world where they are no longer objects of contemplation but the protagonists of an action to come.
This action remains open, whether choreographic, fictional or political.
This openness is found in the sometimes unfinished aspect of his paintings, as if the idea of closure, even that of completion, were dissolved by the floating of the canvas left free.
Mobility, this suggestion of an internal movement within the stillness of painting, seems to me to be one of the driving forces behind Morgane Ryckelynck's approach.
The displacement that she induces brings her work to the border of several territories, dance, performance, installation, in a sort of minimal expressiveness, this combination of the irrational and the reasoned stimulating an exciting research to be followed today. 'hui and in its future developments.
Marc Desgrandchamps.
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