Riss Alexandra

Semblable à un voyage onirique et obsessionnel, les œuvres d’Alexandra Riss oscillent entre observation du réel et construction d’une fiction.
Elle dispose souvenirs et objets qui l’entourent dans des compositions vibrantes, convaincue que le meilleur moyen de s’adresser aux autres est de partir de sa propre expérience. Dans cet espace de rêve, l’ensemble des objets sont des facettes d’une réalité intime de l’artiste. À l’image des faits héroïques qui fondent un personnage de légende, c’est la mise en scène évoquée, narrée ou juste imaginée qui révèle le pouvoir des choses.
Loin de n’être que des accessoires, les objets deviennent acteurs, témoins, passeurs d’histoires muettes. L’objet créé ouvre une situation dans laquelle il sera éprouvé dans un usage performatif.
Les gestes et déplacements du corps sont pour Alexandra Riss des moyens, tels des ressorts dramatiques, pour nous raconter, ou nous inciter à nous raconter nous-mêmes, des histoires. Désignant la plupart de ses productions comme étant des objets performatifs, elle établit les performances avec des professionnels convoqués pour la précision de leurs gestes et la maîtrise de leurs savoir-faire. Ne faisant quasiment aucune captation – exception faite pour ses archives personnelles – l’artiste souhaite encourager une sorte de rumeur, un écho plus ou moins distordu de ce qui s’est passé, transmis oralement. La mise en action de l’objet est essentielle car elle vient renforcer son caractère singulier. L’œuvre entre en rapport avec la personne qui la porte, l’endosse ou le manipule. Une proximité se noue alors entre l’artiste, la pièce et la personne à qui elle est destinée.
La mémoire, à la fois mystérieuse et profonde, est au cœur de sa pratique.
Refusant l'oubli, Alexandra Riss entretient des liens particuliers avec tout ce qui a disparu, les objets, autant que les êtres. Lors de l’exposition et du partage avec le public, les récits furtifs composent une scène fictive.
L’œuvre est finalement tout cela : elle est une histoire, elle est du temps et des états successifs, elle est à la fois une présence matérielle et immatérielle.
Alexandra Riss’ artistic work oscillates between observing reality and constructing a fiction. Like a dreamlike and obsessive journey. She uses memories and objects around her in vibrant compositions, convinced that the best way to communicate with others is from her own experience. In this space of dream, every object is a piece of the artist’s intimate reality.
Just as heroic actions are what make legendary characters, it is the staging decided upon or imagined which revels the power and the true nature of things. Far from only being accessories, objects become actors, witnesses, bearers of silent stories. The created object opens up a new situation in which it will be tried in a performative use.
Gestures and movements of the body are mediums, as are dramatic effects, that Alexandra Riss uses to tell us - or to have us - tell stories.
Designating most of her productions as performative objects, she establishes performances with professionals chosen for the precision of their gestures and the mastery of their craft. With almost no recording of her works - with the exception of her personal archives - the artist wishes to foster a rumor or an echo more or less distorted of what actually happened, in the fashion of oral transmission. The activation of the object is essential because it strengthens its singular character. The artist’s work comes in contact with the person wearing it, bearing it, or handling it. A proximity is then created between the artist, the work and the person to whom it is destined.
Memory, which is both mysterious and profound, is at the heart of her practice. Refusing to let things be forgotten, Alexandra Riss ties relationships with all that has disappeared : objects as well as people.
When displayed and shared with the audience, elusive stories create a fictive stage. Her work is all this at once : it is a story, it is successive time and successive states. It is both material and immaterial.
Sandra Emonet