Lopatich Sasha

J’ai grandi dans les montagnes d’une péninsule balkanique constamment aux bords de la crise de nerfs éclectiques.
Loin des horizons, situés plus au nord, rectilignes et plats, ma peinture s’est formée dans le brouillard et l’ombre des ravins, sur les routes étroites serpentant entre l’azur et la turquoise des rivières abyssales, dans l’effroi et la surprise d’un gris d’orage ; loin des civilisations conquérantes, dans le silence de l’oubli : là où les pierres transmettent depuis des siècles une mystérieuse épitaphe.
Ayant étudié la gravure à l’Académie des beaux arts de Novi Sad et le stylisme de mode au Lycée des arts appliqués de Sarajevo, mon travail de peintre s’est toujours nourri de ces disciplines, re-injectant ainsi dans mon oeuvre l’impression monotype, le collage et la recherche de textures et de matières.
Actuellement, je cède beaucoup d’espace à la peinture acrylique, cette matière plastique indestructible, conçue dans la sophistication des laboratoires à partir de « notre pétrole quotidien ».
Je m’intéresse aux espaces entre deux lignes, aux parallèles qui séparent et unissent les méridiens, aux univers qui s’entrecroisent, aux doubles faces des miroirs et des médailles sans victoire, à l’instar des territoires et des identités aux frontières inconstantes de la terre natale ou encore d’une génération appelée X, entre deux siècles de métamorphose constante.
Que le sujet de ma peinture soit un paysage, imaginaire ou réel, un portrait de famille, un travesti, un apôtre, un empereur, ou bien des arbres, ce qui m’intéresse ce sont les représentations de la métamorphose, les perspectives menant à d’autres univers et d’autres possibles. Je peins pour déceler un espace interstitiel où résiderait des portes cachées, de discrètes sorties de secours ou bien de sublimes portails de l’enfer.
I grew up in the mountains of a Balkan peninsula always teetering on the edge of an eclectic nervous breakdown.
Far from the flat, rectilinear horizons further north, my painting took shape in the fog and shadows of ravines. On the narrow roads snaking between the azure and turquoise of abyssal rivers. In the fear and surprise of stormy grays. Far from conquering civilizations, in the silence of oblivion, where stones have transmitted since the centuries a mysterious epitaph.
I studied printmaking at the Academy of Fine Arts in Novi Sad and fashion at the Lycée des Arts Appliqués in Sarajevo.
My work as a painter has always been nourished by these disciplines, incorporating monotype printing, collage and an ongoing exploration of textures and materials. Lately I’ve been giving a lot of space to acrylic, that indestructible plastic stuff created in sophisticated labs to serve as “our daily oil.”
Like the shifting frontiers, territories and identities of my native land and a generation called X straddling two centuries in constant flux, I’m interested in the space between two lines.
The parallels that separate and unite meridians. Intersecting universes. The two sides of mirrors and medals with no victory.
So I paint that which is indefinable, fluctuating. Whether the subject of my painting is a real or imagined landscape, a family portrait, a transvestite, an apostle, an emperor or trees, I’m seeking representations of metamorphoses and perspectives that lead to other worlds, other possibilities. I paint to discover an interstitial space where hidden doors, discreet emergency exits or sublime portals to hell might be found.