Géhanne Benoît
Benoît Géhanne travail des séries – tableaux, volumes, dessins, photographies – dont chaque titre énonce le processus : Retenue, recul, biais, projection, flèche...
BG tire son vocabulaire plastique de son environnement, et notamment des infrastructures industrielles : par la photographie, il indexe des formes trouvées qui font écho aux solutions formelles de l’abstraction. En prélevant, en rendant visibles ces fragments d’espaces, d’architectures, d’objets, il questionne les incidences entre l’art abstrait et la standardisation de la culture populaire comme des espaces urbains.
Benoît Géhanne ré-injecte ensuite tout ou partie de ces images dans sa pratique picturale. Isolées, découpées, ces formes trouvées sont alors détachées de leurs référents ; elles perdent de leur lisibilité et gagnent en autonomie. Il explore ainsi cette abstraction « domestiquée », en opérant des gestes qui réitèrent un procédé d’abstraction : abstraction qui n'est pas chez lui non-figurative, mais qui est revendiquée dans le geste d’extraction, c’est-à-dire, littéralement, d'abstraction du fragment qui va devenir l’œuvre.
Benoît Géhanne sonde la résistance des formes, il éprouve leurs déplacements dans une économie du regard, où l’acte de voir est directement lié à l’appropriation et à l’identification. Ses pièces interrogent in fine la manière avec laquelle nous sommes amenés à voir et à regarder toute chose.
Il produit des pièges du regard, des espaces plastiques qui génèrent un doute, qui suspendent la compréhension, amenant celui qui les envisage à réinventer son regard.
Vue de l'exposition "Straight ahead, crossing, straight ahead, crossing" à l'école et espace d'art Camille Lambert de Juvisy sur Seine, 2019. Crédit photo: Laurent Ardhuin.