Van Reghem Thomas

Thomas Van Reghem, diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, est né en 1992 en Seine Saint Denis. Il vit actuellement à Bruxelles, en Belgique.
Son intérêt pour l’histoire, la géopolitique et la littérature font de lui un artiste nomade en quête d’un nouveau code sémiotique venu d’ailleurs. Dans notre monde voué à une perpétuelle métamorphose, certains univers deviennent les épicentres d’un laboratoire de création ; ils s’adaptent, se décomposent pour être recomposés.
Le chaos questionne la vie. L’artiste nous propose une œuvre qui atteint l’universel et qui cherche à lutter contre l’impuissance de l’esprit à corréler tout ce dont il est témoin. Marqué par les dualités construction/destruction, vision/aveuglement, et conscient de la perte, il se veut un passeur, un bâtisseur acharné. L’artiste travaille sur la perte, les limites.
Ses créations sont propices à la réflexion sur les incessantes décompositions et recompositions et les mouvements de renaissance. Opposé à la simplicité, il choisit le risque, il se mue en faiseur de mémoire en des terres amnésiques.
Il fouille les décombres par le choix de ses matériaux et s’implique avec ténacité dans son rôle de collecte fragmentaire de terre, de cendres, de carcasses, de verre, de débris, de restes, de cheveux, de trouvailles fugaces pour capter la vulnérabilité de la vie entre les limbes du visible.
Thomas Van Reghem frôle l’inframonde, tel un Tirésias, un devin aveugle, au risque d’éveiller des blessures, des inquiétudes et de rompre des silences.
Il exhume l’histoire en tirant des lignes pour recomposer, pour déconcerter les repères. Au-delà de leur dimension des possibles, ces lignes ne sont que de nouveaux chemins creusés dans les débris d’autres chemins, des labyrinthes de réminiscences. Les souvenirs font exister un monde polysensoriel.
L’œuvre de Thomas Van Reghem s’imposent par le lien entre les formes et les matières qu’il propose. Elles semblent avoir développé leur propre vocabulaire poétique fait de ruines, de feu, de cendres, de cheveux, d’écorces, de feuilles, d’ailes de papillons, de neige, en somme, de matériaux vivants. matériaux, parfois collectés au cours d’aventures vraiment périlleuses ou atypiques, sont des matière qui respirent, vivent, suent, pleurent, saignent.
Donner vie à la mémoire et à l’oubli texte par Egidia Souto Maître de conférence à la Sorbonne.
Dans la mine, le temps semble comme suspendu dans une éternité minérale : Animaux, plantes, pierres, éléments, etc. Ce sont des êtres historiques, des êtres du passé. La nature est une cité magique pétrifiée. En dehors de la mine, la temporalité et l’altération vont de pair et l’homme prend conscience de sa fragilité corporelle.
L’étude de l’univers minier et de ce qu’il renferme permet ainsi de comprendre plus aisément la nature et l’évolution. L’univers minéral et anorganique combine l’historicité, le temps et l’espace ; il pousse l’homme à tenter de saisir son rôle dans le macrocosme : inclus dans un Tout, dans une globalité qu’il est incapable de maîtriser totalement, l’être humain aspire à chercher et à trouver sa place.
Le voyage à la découverte du centre de la terre s’apparente donc à un voyage de formation où la terre se présente comme un gigantesque palimpseste, comme un vaste ensemble de strates superposées, sur un plan tant géologique qu’intellectuel. L’entreprise s’avère d’autant plus noble que la mine devient un espace où l’Histoire des hommes et celle de la Terre convergent.
Lieu privilégié de villégiature à travers l’espace-temps, la mine porte les traces voire les stigmates et les blessures d’une histoire où le passé peut être déchiffré, et l’avenir appréhendé. Le mineur apprivoise ainsi le temps et l’espace.
Le travail du mineur équivaut à celui de l’archéologue s’appliquant à comprendre les origines de l’univers et les événements terrestres, à émettre des hypothèses, des conjectures sur l’avenir de la terre.
L'artiste propose au spectateur un voyage immobile dans la mine. Lieu privilégié de l’expérience, l’homme expérimente et explore le passé collectif et, par là même, son propre inconscient, sa propre histoire. Descendre dans la mine revient à accepter d’être placé face à ses démons intérieurs et, par conséquent, face à soi-même.
Le voyage, empreint d’historicité et de spiritualité scientifique et esthétique, donne accès à un monde supérieur via des œuvres qui deviennent des passeurs. Je propose une oeuvre nommée «Dans la boite noire avec un morceau de ciel». Ell est composée de vitraux désassemblés puis murées où j’ai fixé l’immuabilité céleste. Celui de battements d’ailes des canaris sur des traces de feux de cierges expirés, ceux là mêmes qui prévenaient les mineurs du coup de grisou. Messager ou guide protecteur, le canari possède un don de clairvoyance qui lui permet, dans les profondeurs, de reconnaître ce qui se cache là-haut, par delàs les nuages. Si le canari respire ce gaz, s’agite ou meurt, l’homme saura que le temps lui sera compté pour se sauver. Mais au fond du trou, le canari n’est pas réduit à cet unique rôle d’annonciateur. Il est aussi, malgré lui, la représentation d’un ailleurs. Animal céleste, il rappelle au mineur l’infini monde qui l’attend à la surface.
Cet oiseau est un pont vers un monde d’illusions. La représentation et son pouvoir artificiel permet au mineur de s’échapper, de se priver de l’immédiateté du réel, pour se forger et se perdre un instant dans une autre réalité.
Fragment d’une strate du terrier : La mine de l’inconscient par Thomas Van Reghem, Pierre Alizan. et Egidia Souto.
Thomas Van Reghem, a graduate of the Ecole des Beaux-Arts in Paris, was born in 1992 in Seine Saint Denis. He currently lives in Brussels, Belgium.
His interest in history, geopolitics and literature make him a nomadic artist in search of a new semiotic code from elsewhere. In our world doomed to perpetual metamorphosis, certain universes become the epicenters of a creation laboratory; they adapt, decompose to be recomposed.
Chaos questions life. The artist offers us a work that reaches the universal and seeks to fight against the powerlessness of the mind to correlate everything it witnesses. Marked by the dualities of construction / destruction, vision / blindness, and aware of the loss, he wants to be a passer, a relentless builder. The artist works on loss, limits.
His creations are conducive to reflection on the incessant decompositions and recompositions and the movements of rebirth. Opposed to simplicity, he chooses risk, he turns into a memory maker in amnesic lands.
He excavates the rubble by the choice of his materials and is implicated with tenacity in his role of fragmentary collection of earth, ashes, carcasses, glass, debris, remains, hair, fleeting finds to capture vulnerability. of life between the limbo of the visible.
Thomas Van Reghem grazes the underworld, like a Tiresias, a blind diviner, at the risk of arousing wounds, worries and breaking silences.
He unearths history by drawing lines to recompose, to confuse landmarks. Beyond their dimension of possibilities, these lines are only new paths dug in the debris of other paths, labyrinths of reminiscences. Memories make a polysensory world exist.
The work of Thomas Van Reghem stands out through the link between the forms and the materials he offers. They seem to have developed their own poetic vocabulary made of ruins, fire, ashes, hair, bark, leaves, butterfly wings, snow, in short, living materials. materials, sometimes collected during truly perilous or atypical adventures, are materials that breathe, live, sweat, cry, bleed.
Giving life to memory and oblivion text by Egidia Souto Lecturer at the Sorbonne.
In the mine, time seems to be suspended in a mineral eternity: Animals, plants, stones, elements, etc. They are historical beings, beings from the past. Nature is a petrified magical city. Outside of the mine, temporality and alteration go hand in hand and man becomes aware of his bodily fragility.
The study of the mining universe and what it contains makes it easier to understand nature and evolution. The mineral and inorganic universe combines historicity, time and space; he pushes man to try to grasp his role in the macrocosm: included in a Whole, in a globality that he is incapable of totally mastering, the human being aspires to seek and find his place.
The journey to discover the center of the earth is therefore akin to a journey of formation where the earth presents itself as a gigantic palimpsest, like a vast set of superimposed strata, both geologically and intellectually. The company turns out to be all the more noble as the mine becomes a space where the history of mankind and that of the Earth converge.
A privileged vacation spot across space and time, the mine bears the traces, even the scars and wounds of a history where the past can be deciphered, and the future apprehended. The miner thus tames time and space.
The work of the miner is equivalent to that of the archaeologist who applies himself to understanding the origins of the universe and earthly events, to formulating hypotheses, conjectures about the future of the earth.
The artist offers the viewer a motionless journey through the mine. A privileged place of experience, man experiences and explores the collective past and, thereby, his own unconscious, his own history. To descend into the mine is to accept being placed in front of one's inner demons and, therefore, in front of oneself.