Sagi Gyula

Le travail de Gyula Sági, un jeune artiste hongrois vivant et travaillant à Berlin, tente de synthétiser l'abstraction géométrique et gestuelle dans ses œuvres. Mélangeant les techniques graphiques et picturales, il travaille sur papier à l'encre, au crayon et à l'acrylique. Ses œuvres à grande échelle, utilisant des techniques traditionnelles, sont des séries d'expérimentations de formes diverses. Inspiré par les motifs répétitifs de la technologie, de la cartographie numérique, des cartes et de la nature, il se concentre sur la réduction et les formes pures.
Les pièces de la série Analog Noise, en constante expansion depuis 2016, sont des œuvres uniques dessinées à la main qui évoquent néanmoins l'imagerie d'appareils électroniques ou d'images générées par ordinateur, rappelant les formes de base de la visualisation des données, des diagrammes et des graphiques. Pourtant, Sági n'exclut pas complètement la coïncidence du système de composition strict et mécanique de lignes denses dessinées à l'encre, qu'il crée selon des algorithmes simples : il incorpore également des formes irrégulières semblables à des gestes qui sont générées de manière aléatoire le long de l'encre qui coule sur le papier. Les œuvres sont ainsi à la fois des "peintures" gestuelles extrêmement délicates et sensibles et, du fait de leur technique répétitive, des outils méditatifs pour l'artiste. Dans la répétition des lignes, les taches d'encre créées par coïncidence créent des motifs rappelant le langage écrit, le code machine. Le dessin analogique à la main ressemble ainsi à une analyse scientifique, à une analyse graphique ou spectrale. Métaphoriquement, le corps de l'artiste fonctionne comme un instrument hautement sensible dans le processus de création, capable de capter des vibrations que seuls les outils technologiques les plus avancés peuvent détecter. Le travail créatif de Sági reflète une approche posthumaine : ses dessins peuvent être des analyses de signaux radio provenant de l'espace interstellaire lointain, des signaux réfléchis par la surface d'astéroïdes menaçant la civilisation terrestre ou des analyses sismographiques des mouvements tectoniques de notre planète. Les œuvres hétérogènes de Gyula Sági ne sont pas seulement inspirées par la visualité numérique susmentionnée, mais peuvent également, dans certains cas, être interprétées comme des paysages abstraits, opérant ainsi simultanément des associations technologiques et naturelles. Ses œuvres uniques, qui cherchent à renouveler le vocabulaire formel de l'art abstrait, soulèvent des questions sur la distance croissante entre les êtres humains et la nature. Nos connaissances scientifiques, résultant du développement technologique continu et dynamique, ne nous mettent souvent en contact avec les phénomènes naturels que de manière indirecte, sous la forme d'ensembles de données et de graphiques opaques, à travers lesquels nous essayons de nous orienter et de comprendre le monde qui nous entoure.
The work of Gyula Sági, a young Hungarian artist living and working in Berlin, attempts to synthesize geometric and gesture-based abstraction in her works. Mixing graphic and painting techniques, she works on paper with ink, pencil and acrylic. Her large-scale works, using traditional techniques, are series of various form experiments. Inspired by the repetitive patterns of technology, digital mapping, charts and nature, he focuses on reduction and pure forms.
The pieces in the Analog Noise series, which has been continuously expanding since 2016, are unique hand-drawn works that nevertheless evoke the imagery of electronic devices or computer-generated images, recalling basic forms of data visualisation, diagrams and graphs. Yet Sági does not completely exclude coincidence from the strict, mechanical compositional system of dense lines drawn with ink, which he creates according to simple algorithms: she also incorporates irregular gesture-like shapes that are randomly generated along the ink flowing ont he paper.
The works are thus both extremely delicate, sensitive gesture "paintings" and, due to their repetitive technique, meditative tools for the artist. In the repetition of the lines, the coincidentally created inkstains create patterns reminiscent of written language, of machine code. Analogue hand drawing thus resembles scientific analysis, graph or spectrum analysis. Metaphorically, the artist's body functions as a highly sensitive instrument in the creative process, capable of capturing vibrations that only the most advanced technological tools can detect. Sági's creative work reflects a posthuman approach: his drawings can be analyses of radio signals from distant interstellar space, signals reflected from the surface of asteroids threatening Earth's civilisation, or seismographic analyses of the tectonic movements of our planet.
Gyula Sági's heterogeneous works are not only inspired by the aforementioned digital visuality, but in some cases can also be interpreted as abstracted landscapes, thus simultaneously operating technological and natural associations. His unique works, which seek to renew the formal vocabulary of abstract art, raise questions about the increasing distance between human biengs and nature. Our scientific knowledge, resulting from the continuous and dynamic technological development, often only brings us into contact with natural phenomena in an indirect way, in the form of opaque data sets and graphs, through which we try to orient ourselves and understand the world around us.