Ragno Annelise
Née en 1982, Annelie Ragno vit et travaille à Dijon.
Co-Fondatrice les Ateliers Vortex, Annelise Ragno est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon.
Annelise Ragno questionne la représentation du corps filmé ainsi que les notions de durée et de suspension du temps.
A travers un certain illusionnisme, l’artiste nous livre des images qui ne se laissent pas déchiffrées au premier regard et qui offrent au regardeur tout un monde d’indices à appréhender.
Elle a été lauréate du prix de la Fondation Zervos en 2012, a participé au salon Jeune création en 2016, elle a réalisé de nombreuses expositions dans des lieux tels que la galerie Premier Regard à Paris, le FRAC Normandie Rouen à Sotteville-lès-Rouen, le mois de l’image à Ho Chi Minh Ville, à La Goulotte à Vézelay ou encore le Musée des Beaux-Arts de Dijon.
L’œuvre vidéo d’Annelise Ragno génère à la fois de l’énigme et de la fascination.
Au moyen de cadrages serrés, elle filme le monde commun : sa trivialité et son habituelle invisibilité. Un terrain de recherche en prise avec le réel qu’elle souhaite bousculer en créant des passages entre l’ordinaire et l’inattendu. (...)
Les sujets sont finement étudiés, immobiles ou mouvants, ils s’inscrivent au cœur de chorégraphies physiques et charnelles.
Les films sont courts, répétés en boucle, sans véritable début, sans véritable fin. Les repères habituels sont annulés. (...)
Annelise Ragno restitue des fragments du monde réel, ils sont comme suspendus dans le temps et dans l’espace. La boucle et le choix du cadrage resserré sur le sujet instaurent un trouble, un malaise ou bien une tension.
Le regardeur perçoit une amorce narrative à laquelle il cherche un prolongement, une cause, un sens. Parce qu’elle s’empare d’un moment, d’un silence, d’un geste, d’un regard, d’un objet, l’artiste procède à leur extraction du monde commun. Ce qui nous semble familier est progressivement rendu inquiétant, mais aussi captivant et hypnotisant. Il s’agit alors de modifier les valeurs : physiques, temporelles, spatiales.
Par l’observation attentive des mouvements, l’artiste ralentit et retient la course des actions ordinaires qui, chaque jour, nous échappe un peu plus.
Julie Crenn Mars 2014
(...)
Le refus du narratif qui caractérise ses films conduit l’artiste aux lisières d’une esthétique abstraite qui n’interdit pas pour autant l’idée d’image figurée.
Aussi, c’est dans un entre-deux que son art trouve sa singularité, qu’il gagne sa tension pour ce que tout y est engagé sur un fil : le rythme des plans, leur durée, leur densité, le son, le cadrage et leur mode de projection.
Il fut un temps où Annelise Ragno se qualifiait elle-même de « chercheuse d’images », soulignant que l’enjeu de son travail était « d’amener le regard du spectateur vers un autre point de vue. »
Sa démarche a gagné en ambiguïté et en énigme pour ce qu’elle vise à instruire toujours plus le regard à sa propre surprise, tout en nous invitant à prendre la mesure d’une nature immuable.
Philippe Piguet. Octobre 2017 - l’épreuve du voir