Nillni Laura
Laura est née à Buenos Aires.
Diplômée de l’École Nationale des Beaux Arts, elle reçoit ensuite une bourse qui lui permet d’étudier la photographie à Tel-Aviv.
L’influence du paysage et de la pratique de la photographie en Israël l’amènent à travailler sur la matière et à faire des recherches sur les supports. Elle arrive par ce biais à la sculpture murale et développe une série d’oeuvres traversées par les textes de Jorge Luis Borges.
Cette série deviendra son mémoire de maîtrise d’Arts Plastiques, qu’elle soutient à l’Université de Paris VIII, avec une mention Très Bien.
La sculpture murale reste son support privilégié pendant plusieurs années. Elle passe du textile au bois, par le biais de la réalisation de bijoux et de toupies, des pièces uniques qui sont également de petites sculptures.
Ses objets en bois se retrouvent alors dans plusieurs lieux spécialisés, dont Paris Musées.
C’est grâce à ses bijoux et ses toupies qu’elle est sélectionnée au Salon de Montrouge deux années de suite, et que le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lui commande une broche en bois, en série numérotée.
Dans le cadre des sculptures murales, elle réalise une série de livres en bois qui seront l’objet de ses premières expositions parisiennes à la Galerie Caroline Corre et des pièces inspirées de la musique qui vont initier une longue collaboration avec la Galerie Lélia Mordoch.
Les installations de toupies deviennent la matière de la première création multimédia avec le compositeur Ricardo Nillni.
Leurs activités respectives d’artiste visuelle et compositeur se développent en parallèle, se rejoignant avec la création de leur première vidéo, qui sera sélectionnée au 3e festival de Vidéo-danse de Buenos Aires.
Cette collaboration s’est consolidée par beaucoup d’autres films qui ont suivi, montrés dans plusieurs festivals internationaux, dont une dizaine est éditée par la Galerie Victor Sfez, à l’occasion d’une exposition consacrée à leur travail, en 2015.
En 2017, Jean-Yves Bosseur les invite à participer à l’exposition «Musique à voir» au LAAC, Musées de Dunkerque.
La transversalité a toujours animé le travail de Laura Nillni : les mathématiques, la musique et la littérature étant les axes fondamentaux.
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Melah, exposition de Laura Nillni : variations de bleu pour la galerie Victor Sfez
Laura Nillni poursuit ses expériences sur les superpositions et la transparence à partir de formes organiques et propose pour cette exposition personnelle des peintures de différents formats qui nous ouvrent la voie vers un paysage marin. Des cercles de différentes intensités de bleu nous plongent dans un tourbillon de lignes. L’artiste continue ses recherches de rythme et de condensation de formes répétées tout en approfondissant une gamme colorée. Chaque œuvre conduit à penser une rencontre avec une autre qui la rejoint et nous invite à nous laisser porter par la vibration des couleurs. « J’ai beaucoup travaillé sur la notion de fragment, donc il m’intéressait que le regard cherche à compléter une pièce sur une autre, un peu comme des morceaux d’un puzzle. » précise l’artiste. À la galerie Victor Sfez, les peintures de l’artiste de diverses tailles et formes disposées en constellation composent un camaïeu de bleu qui illumine l’espace et donne l’impression d’une densité infinie.
Face à ces formes circulaires qui n’en finissent pas, nous nous laissons porter par un rythme, un écho à des ondes, vagues et à des remous dans l’eau. Ces oscillations bleues évoquent les mouvements de la mer, ce paysage qui nous attire pour toutes les sensations qui participent de l’éveil de notre corps. « J’ai vécu une année complète au bord de la Méditerranée et j’ai observé que les nuances de bleu sont infinies, selon la saison, le temps qu’il fait, l’heure de la journée et d’autres variables et je suis loin de les avoir épuisées. » ajoute Laura Nillni. Ses œuvres convoquent la mémoire des contemplations de ce paysage qui continue de nous émerveiller.
Cette fois, la peinture sur bois permet à l’artiste de déposer une matière qui épouse les lignes et révèle les textures de cet être vivant. Les œuvres de format horizontal suggèrent le développement d’une frise, élément décoratif et conduit à penser leur suite à même le mur. Les ondulations bleues peuvent également suggérer les courbes sur des cartes marines. Chaque peinture devenant ainsi partie d’un territoire.
Une ligne de trous renforce son travail de la matière bois et construit un entre deux du dessin à la sculpture. Les teintes ocre, jaune et brun font appel au banc de sable et au contact de nos pieds sur ces petits grains tout chaud. Laura Nillni nous offre un voyage à travers une gamme colorée qui trouble notre regard. Dans la galerie, les différents mouvements circulaires dans ses peintures composent une multiplication de danses du bleu au blanc.
Ses œuvres sollicitent un déplacement continu, nous conduisant vers une infinité de transformations. Si la répétition est de mise, Laura Nillni privilégie toujours un léger décalage pour nous inviter à aiguiser notre perception. Les lignes ondulent ici comme les vagues et rappellent le cheminement de l’artiste qui traduit son temps passé à dessiner des formes géométriques parfaites. La rigueur de la forme laisse la place à la matière picturale et au tracé au crayon de couleurs qui expriment la sensibilité et les sensations éprouvées par le corps en mouvement.
Cette nouvelle série d’œuvres rappelle l’intérêt de l’artiste pour la relation entre le support et les formes colorées. Cet ensemble suggère la poursuite d’une ligne qui construit, découpe et nous invite à regarder à travers un globe. Telle est l’intention de l’artiste, nous amener à voir à travers et nous faire ressentir des sensations, souvenirs de perceptions au contact de la nature.
Pauline Lisowski