Montier Guillaume

« La nuit tombe lentement, le voyageur a marché longtemps en terre inconnue pour se retrouver face au monde qui apparaît dans les tableaux de Guillaume Montier.
Voir les tableaux de Guillaume Montier, c’est être saisi par une rencontre, s’arrêter et observer longuement.
Observer longuement une fiction qui met en scène l’inquiétude face à l’inconnu des paysages et des figures humaines, plutôt rares, qui parfois apparaissent.
Aucun sentier n’existe sur la carte pour le conduire là où il s’arrête le corps fatigué et fébrile.
Il a dû se frayer un chemin parmi les herbes hautes pour croiser un jeune homme torse nu dans « Constellation », défier la végétation envahissante pour surprendre « L’homme doré », il a emprunté parfois les ailes d’un oiseau ou ramer sur une mer démontée pour observer le récif de « Terra incognita ».
Le regard craintif est à juste distance du danger possible, c’est une halte d’éclaireur, les yeux aux aguets.
La tension est picturale, les nuances sont sourdes, les tons crépusculaires : noir de mars, terre de Sienne brûlée, violet de cobalt, bleu indigo. La peinture est précise, bien qu’affranchie des contours, elle alerte celui qui s’aventure : les projections de l’eau sur le corps sont électriques, les crêtes montagneuses sont tranchantes, les nuages crépitent au soleil couchant comme autant de signaux de détresse.
Pour s’approcher du jeune homme assis dans la rivière, le voyageur doit franchir la rivière et c’est bien les pieds dans l’eau qu’il le regarde. La posture est instable, il est entré dans le paysage, il fait parti du décors mais le regard se porte de biais.
Une inclinaison qui met en scène une observation discrète presque timide. Parfois, et c’est rare, le sujet arrive de front. Dans le tableau « Paradis », un homme fait face gaillardement assis sur la barrière, alors le peintre est en léger contrebas, impressionné mais téméraire. Dans la rivière, la scène est belle, sensuelle mais sans excès, pudique. L’homme de l’eau est beau, musclé, il se détend. Il offre sa nuque à la violence du cours d’eau. Le fardeau qui pèse sur ses épaules semble lourd.
Adossé à la roche, son corps est, enfin, relâché. Le bruit est assourdissant, l’homme, la tête inclinée en avant, a les yeux fermés, il n’a pu ni entendre ni voir l’approche. Il demeure dans ses pensées. Fascinants, les tableaux de Guillaume Montier mettent en scène cette approche « hors cadre ».
A pas mesurés, le regardeur arrive dans sa peinture. La force tremble sous les couches de couleurs, le monde vibre dans ses reliefs mais ici c’est la délicatesse des aplats et l’humilité des formats qui surprend. Le peintre hésite, montre le doute, cherche, et se repose sur la lumière. Les paysages qui sont peints, peut être réels, ressemblent à ceux des mythes mais les mythes sont des légendes et les légendes sont des illusions. De quelles légendes faut-il se méfier ou s’inspirer pour respirer ? Pour avancer ?
Trouver la source de la lumière dans les tableaux de Guillaume , c’est déjà trouver la piste à poursuivre, à inventer. Un chemin sans origine qui guide sa destiné. »
— Aude Lavigne.
“Night falls slowly, the traveler has walked for a long time in unknown land to find himself facing the world that appears in Guillaume Montier's paintings.
To see Guillaume Montier's paintings is to be struck by an encounter, to stop and observe for a long time.
Observe at length a fiction that portrays anxiety in the face of the unknown landscapes and human figures, rather rare, which sometimes appear.
No path exists on the map to lead him to where he stops with his body tired and feverish.
He had to make his way through the tall grass to meet a shirtless young man in "Constellation", defy the invasive vegetation to surprise "The Golden Man", he sometimes borrowed the wings of a bird or rowed on a rough seas to observe the reef of “Terra incognita”.
The fearful gaze is at a fair distance from possible danger, it is a scouting halt, eyes on the alert.
The tension is pictorial, the shades are muted, the tones crepuscular: Mars black, burnt sienna, cobalt violet, indigo blue. The painting is precise, although free from contours, it alerts the one who ventures: the projections of water on the body are electric, the mountain ridges are sharp, the clouds crackle in the setting sun like so many distress signals. .
To approach the young man sitting in the river, the traveler must cross the river and it is with his feet in the water that he is looking at him. The posture is unstable, he has entered the landscape, he is part of the scenery but the gaze is sideways.
An inclination that stages a discreet, almost shy observation. Sometimes, and this is rare, the subject comes head-on. In the painting "Paradise", a man faces a cheerfully seated on the barrier, then the painter is slightly below, impressed but reckless. In the river, the scene is beautiful, sensual but without excess, modest. The man of the water is handsome, muscular, he relaxes. He offers his neck to the violence of the stream. The burden on his shoulders seems heavy.
Leaning against the rock, his body is finally released. The noise is deafening, the man, his head tilted forward, has his eyes closed, he could neither hear nor see the approach. He remains in his thoughts. Fascinating, Guillaume Montier's paintings showcase this “out of frame” approach.
With measured steps, the viewer arrives in his painting. The force trembles under the layers of color, the world vibrates in its reliefs, but here it is the delicacy of the flat areas and the humility of the formats that surprises. The painter hesitates, shows doubt, seeks, and relies on the light. The landscapes which are painted, maybe real, resemble those of myths but myths are legends and legends are illusions. What legends should we beware of or draw inspiration from in order to breathe? To advance ?
Finding the source of light in Guillaume's paintings is already finding the path to pursue, to invent. A path without origin which guides its destiny. "
- Aude Lavigne.