Mirazovic Filip
Le travail de Filip Mirazovic se fonde sur le réalisme d’une tradition classique dont il conserve la puissance narrative et la composition, mais qu’il contamine par l’apport d’une veine expressionniste (de Kirchner, Dix ou Bacon à Baselitz et Immendorff). Par les débordements d’une matière épaisse et les accidents d’une gestuelle libre, il crée des failles dans l’ordre d’intérieurs lisses où se renversent les symboles du pouvoir politique et catholique, en écho aux violences du XXe siècle et de l’histoire yougoslave. C’est par cette hybridité et ces déplacements incessants que la peinture figurative se réinvente, au-delà des étiquettes.
Par sa capacité à brasser les sujets et les formes, sans doute offre-t-elle une vision capable de représenter les bouleversements et malaises de notre temps, lui-même complexe, instable et fragmenté. Une hybridité curieuse qui n’est pas prisonnière d’un style et qui, entre sincérité et distanciation, intimité et universalité, évite l’écueil d’un certain expressionnisme quand il tend à la facilité, au lyrisme et au pathos d’une subjectivité nombriliste.
Par Amélie Adamo · L’ŒIL magazine n°720