Kokene-Dorléans Djamel
Né en 1968 à Ain El Hammam | Algérie | vit et travaille sur L'Île-Saint-Denis
Le travail qu’entreprend Djamel Kokene s’apparente à un entrelacs de lignes privilégiant l’association d’idées plutôt que le soulagement d’une attente répondant à une intention, à un but. Ses propositions se succèdent par « occasion » et leur lieu d’apparition devient un temps de formulation plutôt que l’aboutissement d’un travail. L’artiste explore les tensions présentent entre les choses, notamment entre différents modes de représentation, à partir de formes et de structures préexistantes, sous le régime du détournement, de la suggestion d’usages potentiels. L’interprétation de l’existant constitue pour lui un vaste champ des possibles, qu’il désigne et active à chacun de ses gestes.
L’œuvre de Djamel Kokene participe aussi d’une extension du domaine artistique hors de ses limites usuelles avec des dispositifs d’exposition comme Laplateforme, d’enseignement comme l’École mobile ou encore d’édition comme Checkpoint autant de « cadres d’actions et intersubjectifs » qui forment aussi son univers. A côté de cette recherche via différentes formes d’association et de collaboration, la démarche artistique de cet artiste se caractérise également par un travail plus intime et étroitement lié au langage, à l’image et à l’objet, ainsi qu’à leur agencement tant formel que spatial. Tout en cherchant à déjouer le processus d'identification, le travail artistique de Djamel Kokene articule indifféremment l’usage de la photographie, de la vidéo, du dessin, de la sculpture, de la performance, tout comme il est traversé par des champs aussi divers que la littérature, la sociologie, le cinéma, l’architecture et la philosophie. Les œuvres de Djamel Kokene procèdent ainsi d’un « bord à bord » et suppose une approche polygénique plutôt que monogénique de l’art et de la création en général.
Cette conception polygénique de l’art, terme autour duquel il mène un travail par ailleurs, constitue pour lui une métaphore qui lui permet de reposer la question de « comment appréhender la réalité », ou encore, de « comment la pensée à travers l’art opère-t-elle et se traduit elle formellement », sachant que la pratique artistique est fortement ancrée dans l’expérience même de l’activité de l’artiste. Bernard Collet