Delarue Manon

Par des séries de dessins, de performances et d'installations, Manon Delarue raconte une réalité très directe, chargée d'humour et de poésie. Loin de condamner le dessin à la petite édition, Manon le décline au contraire au mur, en différents formats, en l'habillant de couleurs vives, de gros titres et/ou d'effets attractifs pour aborder des questions de fond plus acides. Lors d'une résidence artistique en Islande, Manon réalise un reportage humoristique à même le mur où elle demande au public d'intervenir sur ses propres compositions, les laissant libres de donner leurs avis. Au Japon, à l'occasion de sa première exposition personnelle, elle propose aux visiteurs d'incarner ce qu'elle appelle "une femme forte".
Elle construit un personnage féminin en mousse, laisse un trou vide au niveau du visage et propose ainsi aux participants d'y passer leurs têtes. Elle les questionne ensuite sur leur propre rapport à la puissance.
L'aspect performatif et ludique de son travail puise ses sources dans son appétence pour la comédie et le jeu. "À 6 ans, j'ai fait du clown. Adolescente, j'ai été voir beaucoup de stand-up. Jeune adulte, j'ai fait de l'improvisation. Je suis attirée par cette générosité du langage et du corps mais aussi par la dualité vulnérabilité/puissance sur scène.
Quand on joue avec le public, un pacte de confiance est créé. Il est capable d'enrichir un spectacle ou de lui faire prendre un autre chemin. J'aime cet inconfort du projet participatif, performatif parce qu'il est fertile."
Cette grande admiratrice du dessin d'humour, des Reiser, Meurisse, Bretécher et Bosc, a commencé à proposer des récits immersifs sous l'influence d'Alechinsky. "
J'ai été électrisée, comme lorsque vous vous tenez face à d'immenses paysages et qu'ils vous renseignent sur la partie la plus sacrée et peut-être la plus secrète de vous-même. Cette expérience du "voir" a été déterminante dans mon parcours."
Manon aborde les relations humaines, la misère, le désir et la beauté avec une grande sensibilité. Tantôt féroce, tantôt très tendre, elle travaille au plus proche du présent, aussi bien sur la quotidienneté que sur le phénomène politique. Son seul impératif moral étant de ne laisser aucun répit aux abus.
"Mon travail me permet de ne pas être assujetti à la bêtise. Je suis sans pitié pour celles et ceux qui en écrasent d'autres mais je lutte calmement. Je fais parfois des mois de recherches avant de pouvoir être juste."
Au fond, si l'on devait déterminer la question que pose sa démarche, en toutes circonstances, on pourrait reprendre l'interrogation de Butler, donnée lors d'une conférence :
"Qu’est qu’une vie bonne ?"
Through a series of drawings, performances and installations, Manon Delarue tells a very direct reality, loaded with humor and poetry. Far from condemning drawing to a small edition, Manon instead declines it on the wall, in different formats, dressing it in bright colors, headlines and / or attractive effects to tackle more acidic substantive issues. During an artistic residency in Iceland, Manon produces a humorous report on the wall where she asks the public to intervene on her own compositions, leaving them free to give their opinions. In Japan, on the occasion of her first solo exhibition, she invites visitors to embody what she calls "a strong woman".
She builds a female character out of foam, leaves an empty hole in the face and thus invites participants to stick their heads through. She then questions them about their own relationship to power.
The performative and playful aspect of her work draws its sources from her appetite for comedy and acting. "When I was 6, I clown. As a teenager, I went to see a lot of stand-ups. Young adult, I did improvisation and I am attracted by this generosity of language and body but also by the duality of vulnerability / power on stage.
When we play with the public, a pact of trust is created. He is capable of enriching a show or of making it take another path. I like this discomfort of the participatory, performative project because it is fertile. "
This great admirer of comic drawing, of Reiser, Meurisse, Bretécher and Bosc, began to offer immersive stories under the influence of Alechinsky. "
I was electrified, like when you stand in front of immense landscapes and they teach you about the most sacred and perhaps most secret part of yourself. This experience of "seeing" was decisive in my journey. "
Manon approaches human relationships, misery, desire and beauty with great sensitivity. Sometimes fierce, sometimes very tender, she works as closely as possible to the present, both on everyday life and on the political phenomenon. Its only moral imperative is to leave no respite to abuse.
"My job keeps me free from stupidity. I have no mercy on those who crush others, but I struggle calmly. I sometimes do months of research before I can be right."
Basically, if we had to determine the question posed by his approach, in all circumstances, we could take up Butler's question, given during a conference:
"What is a good life?"